IA Libratus : L’intelligence artificielle plus fort que les hommes !

En ce début d'année 2017, et pendant près de trois semaines, le joueur de poker professionnel Dong Kim a eu l'occasion unique de pratiquer au sein du casino de Pittsburgh une partie de cartes très spéciale contre une machine.

Kim, à seulement 28 ans, fait partie des meilleurs joueurs de poker du monde.

La machine défie les hommes

Son adversaire, la machine Libratus, a été construite par deux chercheurs en sciences informatiques de l'université de Carnegie Mellon, et son système d’intelligence artificielle fonctionne comme un super-ordinateur. Pendant vingt jours consécutifs, ils ont joué au no-limit Texas Hold 'Em, une variante du poker particulièrement complexe dans laquelle les stratégies de pari se jouent sur plus d'une dizaine de mains.

A mi-chemin de cette compétition hors-norme, Kim a avoué avoir l'impression que Libratus pouvait voir ses cartes. Il ne l'a pas accusé de tricher mais bien d'être exceptionnellement douée. Ce qui est d'autant plus surprenant, c'est que cet affrontement entre homme et machine s'est fait avec trois autres talentueux joueurs de poker, et que l'ensemble des professionnels a été battu à plate couture par l'intelligence artificielle.

Un duel à part égal

Pendant la compétition, les créateurs de la machine sont restés évasifs sur la façon dont le système fonctionne et comment ils sont arrivés à imiter l'intuition humaine d'une manière totalement inédite.

Il faut préciser que Libratus s’appuie sur trois systèmes différents qui fonctionnent ensemble. Ce travail d’équipe est un bel hommage aux IA modernes qui combinent les connaissances des machines précédentes avec les nouvelles technologies. Malgré la mode des réseaux de neurones artificiels, la technologie de Libratus repose surtout sur l'apprentissage par renforcement, une méthode qui comporte de nombreux essais avec un large panel d'erreurs.

Contrairement aux hommes qui, selon une récente étude, doivent choisir une certaine alimentation et différentes préparations pour jouer au poker dans de bonnes conditions, Libratus a, elle, appris à partir de zéro, tout simplement en jouant contre elle-même. Grâce à un algorithme appelé raisonnement contrefactuel, l'ordinateur a d'abord joué au hasard, et après plusieurs mois de formation et des milliards de mains de poker, il a pu atteindre un niveau qui dépasse les capacités du joueur humain. Ses capacités sont telles qu'il peut développer un éventail beaucoup plus large de paris et de façons de les optimiser, de sorte que ses adversaires ont une peine incroyable à deviner ses cartes.

Game-Over

Ensuite rentre en jeu un deuxième système, nommé « end-game solver ». Il vient piocher dans la partie en cours pour analyser rapidement les scénarios les plus plausibles. Libratus n'a donc pas joué seulement en se basant sur d'anciennes parties, il fait aussi ses choix avec ce qu'il apprend de la partie actuelle.

Le troisième système permet aux joueurs humains de ne pas découvrir des schémas types dans le fonctionnement de la machine. Un algorithme trouve ses schémas, les identifie et les supprime à chaque instant.

Cette efficacité effrayante laisse planer des images de futur à base d'IA jouant un rôle majeur dans, par exemple, des négociations à Wall Street, dans la cybersécurité, ou encore dans des négociations politiques. Reste à savoir comment contrôler et exploiter une machine qui bluffe les humains.